Chère Ancienne, Cher Ancien,

Catherine Weill-Orfinger nous a quitté.e.s le 30 janvier 2025 dans sa 77ème année. Nous avions été en contact avec elle en décembre dernier et elle nous avait confié qu’elle était malade et ne sortait plus souvent de chez elle. 

Decrolyenne, soeur de decrolyen (Philippe Weill), Maman de decrolyen.ne.s (Marie et Mathieu Orfinger) et professeure à l’école Decroly, Catherine a vécu toute sa scolarité et une partie de sa vie professionnelle à l’école Decroly.

Après 4 années d’études à l’ULB, elle obtient son diplôme de Licenciée en Histoire. Sans tarder, elle arrive en 1970, à l’école Decroly pour y enseigner l’association et le français. 

10 ans plus tard, arrivant moi-même à l’école Decroly comme jeune professeur, notamment d’histoire et d’assoc’, je fais très vite la connaissance de Catherine.

Une collègue  accueillante et solidaire que j’ai toujours appréciée, même lorsque nos chemins nous ont éloignées de l’école, l’une puis l’autre, et que nos rencontres furent ensuite fortuites.

Nous aimions beaucoup discuter ensemble de l’évolution du monde ou de nos vies.

Comme enseignante, Catherine était fidèle à elle-même: vive d’esprit, curieuse, rigoureuse, exigeante, courageuse, honnête, faisant preuve d’un esprit critique parfois cinglant, à la mesure de ses engagements socio-politiques mais avec une touche d’humour bien nécessaire dans certaines situations.

A sa façon plutôt discrète, c’était une personnalité marquante, intelligente et subtile. Elle le restera pour moi et pour bien d’autres.

Catherine a enseigné à l’école jusqu’en1989 date à laquelle elle décida de partir pour se consacrer à  l’enseignement à distance (activité avant-gardiste pour l’époque). Cet enseignement était organisée par la Communauté Française. En 1990, même si Catherine n’était plus enseignante à l’école, elle a tenu à soutenir ses ancien.ne.s collègues pendant les grèves. Nous en étions toutes et tous évidemment ravi.e.s.

Catherine était une militante. En parallèle avec son travail d’enseignante à l’école, Catherine s’était engagée à la « Maison des Femmes » fondée dans les années 70.  Elle participait plus spécifiquement au Groupe A: « Médecine et Femmes », fondé en 1976. C’était une organisation sans hiérarchie, chacune des participantes pouvait y prendre la parole quand elle le désirait. Ce groupe organisait une prise en charge psychologique des femmes battues, violées, leur permettant d’être écoutées et surtout déculpabilisées vis à vis de leurs agresseurs. Ce groupe dénonçait déjà, à l’époque, le manque scandaleux d’une loi dépénalisant l’avortement. 

Catherine s’insurgeait également contre les jugements tout faits d’une société sexiste et ce, jusque dans les livres scolaires dont elle connaissait bien les contenus vu son investissement dans l’enseignement.

Nous avons découvert une interview de Catherine, datant de 1976. Nous désirons la partager avec vous car elle représente bien LA Catherine que nous avons connue.

« J’avais ma toute petite fille. Je la prenais à la Maison des femmes et partout dans les manifestations. Et je pensais : voilà une chose dont ma fille pourra être fière plus tard ! Je le vois comme une question de dignité de mère : ne pas renoncer à ce dont on est fière comme femme ; si on n’est pas fidèle à soi-même, on trahit aussi son enfant. » 

Marie-Françoise Degembe et Martine Zimmer, Membres du Comité.

Témoignages de decrolyen.ne.s

Hommage à Catherine Weill

Catherine, c’était ma copine du vicinal. Je venais d’Ixelles, elle, de Saint-

Gilles et nous nous retrouvions chaque matin dans ce mi-bus/mi-tram.

Avant d’atteindre l’arrêt Montana, une dizaine de minutes de discussion

libre. Réfléchies et sages, nos étions des enfants de l’après-guerre et

l’heure n’était pas à la rigolade. Nous restions debout, l’une rivée à

l’autre par le sérieux de la vie et l’immensité de l’avenir.

Un demi-siècle plus tard, alors que nous ne nous sommes revues que

deux fois, me revient le goût de nos voyages quotidiens, le souvenir de

l’intelligence de Catherine et de sa beauté. Son humour et sa sagesse.

Nos mères profs, nos pères médecins : tout cela fit que durant quelques

années nous fûmes les « sœurs du vicinal »

Anne Duchaine

Classe de 9ème: ils avaient des retours concordants disant que la classe était vraiment infernale, folklorique, compliquée… Mais une élève souligne que c’était une chouette prof qui arrivait à nous mettre au travail, ce qui n’était pas évident pour tous. Et c’est assez vrai en fait, dans les tumultes d’une classe vraiment infernale, Catherine gardait un cap, avec fermeté, comme volant au dessus de la mêlée. Je me souviens pour ma part de la préparation du voyage scolaire (à une Adeps à Arlon je pense), carte routière sur la table avec identification de tous nos futurs points de passage et observation de l’échangeur de Loncin, si bien qu’à présent je pense à elle à chaque fois que je passe par cet endroit.

Vincent Brison

Catherine fut ma première titulaire en 7ème!

Première arrivée pour moi donc à l’école, j’ai le souvenir d’une professeur exigeante, passionnée et juste. Le souvenir des cours d’association, le moyen-âge, les Riches heures du Duc de Berry, le cheval Bayard…  Un voyage scolaire où nous avons beaucoup rigolé la nuit dans les couloirs de l’auberge qui nous accueillait, mais ça, ça se passe dans tous les voyages 🙂

Alexia de Visscher

Encore une grande dame qui tire sa révérence…

Marianne Warnant

Merci. Je suis désolé de cette nouvelle.

J’ai eu Catherine comme titulaire et c’était une belle personnalité, engagée. 

Je me souviens d’un état social, en septième, où elle m’a sorti innocemment, devant tous mes camarades : « mais toi au fond, tu ne serais pas un peu misogyne sur les bords? ». Je me souviens avoir bredouillé, mais je ne me souviens pas (la mémoire est parfois étrange…) si c’était parce que je ne connaissais pas le sens du mot, ou parce que, connaissant le sens du mot, je me suis senti attaqué. 

Après ça on a appris à mieux se connaître. Je me souviens avoir été lui apporter un cadeau pour la classe, chez elle avenue Houzeau, elle avait eu un accident et s’était cassé le pied si mes souvenirs sont bons. J’étais plutôt timide et elle prenait je pense un malin plaisir à me déstabiliser, et pourtant j’en garde un très bon souvenir, sans doute lié aux vertus d’exigence et d’humour dont cette attitude témoignait, au fond.

Toutes mes pensées à ses proches.

Victor (en 7e Orfinger autour de 1980…)

Aaaah merci Vincent, tu réveilles un coin perdu de ma mémoire: le voyage scolaire à Arlon s’il n’y en a eu qu’un….

Celui dont je me souviens était avec Jacques Pireaux, Catherine et Mireille Haulotte (qui d’autre????).

Le dernier soir nous avions convenu de faire un petit drink au Maitrank, les moniteurs nous avaient invité.e.s à faire une sortie que nous avons déclinée, of course. Certaines oreilles attentives captent l’invitation mais pas notre refus …… Je me demande s’il n’y avait pas un certain Freddy Verhoeven. Bref, le soir après avoir souhaité la bonne nuit dans toutes les chambres nous arrosons ce séjour sympa dans un petit bureau mis à notre disposition. Les moniteurs quittent en voiture et peu de temps après nous entendons un raffut pas croyable. Nous nous précipitons dans les couloirs et tombons nez à nez avec les « organisateurs » médusés « Ben, vous n’êtes  pas en virée???! » Ben, non, pas de chance  😂

Jeannine